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Accouchement, et si nous méritions mieux ?

  • Site MadameLeFigaro
  • 8 janv. 2018
  • 3 min de lecture

Dans son livre Accouchement, les femmes méritent mieux, la juriste Marie-Hélène Lahaye retrace l'histoire d'un accouchement devenu de moins en moins naturel, et parfois de plus en plus violent. Rencontre.

Depuis près de cinq ans, Marie-Hélène Lahaye hérisse le poil de bon nombre de gynécologues et obstétriciens français. Cette juriste belge engagée, âgée de 44 ans, lutte pour un accouchement respectueux des femmes et est l'auteure du blog «Marie accouche là», qui héberge depuis 2013 éditos cinglants et témoignages édifiants de femmes victimes de violences obstétricales.

Dans Accouchement, les femmes méritent mieux, son premier livre à paraître ce jeudi 4 janvier (1), elle en appelle à la révolution. L'auteure y dénonce la surmédicalisation de la naissance et propose des pistes de réflexion aux pouvoirs publics pour repenser l’accompagnement des parturientes. Une révolution qui rendrait les femmes maîtresses de leur accouchement.

Lefigaro.fr/madame. - Depuis 2013, vous dénoncez les violences psychologiques et physiques liées à la naissance à travers votre blog. Qu'est-ce-qui vous a poussé à consacrer un ouvrage au sujet ? Marie-Hélène Lahaye. - Un an après sa création, le blog prenait de plus en plus d'ampleur et je commençais à avoir beaucoup de témoignages et de "matière intellectuelle", j'ai alors pensé en tirer un livre. Et puis je me suis aussi rendu compte que les féministes ne s'étaient jamais intéressés à la question de l'accouchement. Cela a été le véritable déclencheur. En analysant les témoignages de femmes dont je bénéficiais, j'ai fait des recherches et je me suis demandée pourquoi il existait une telle divergence entre les recommandations médicales, la science et les pratiques. Si l'on s'intéresse au recours à l'épisiotomie par exemple, on s'aperçoit que dès 2005, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) confirmait que la pratique ne prévient ni les déchirures - qu'elle peut en revanche aggraver - ni l'incontinence urinaire et la descente d'organes. Aujourd'hui pourtant, certains professionnels continuent de la pratiquer systématiquement... C'est cette contradiction qui m'a tout de suite interpellée.

Le titre de votre ouvrage affirme d'ailleurs qu'en matière d'accouchement, les femmes «méritent mieux». C'est-à-dire ?

Dans la majorité des cas, l'accouchement n'est pas dangereux

Marie-Hélène Lahaye

Jusqu'à présent, on ne leur a pas demandé leur avis. Les femmes accouchent comme les hommes leur disent de le faire depuis quatre cents ans. Ces dernières décennies, on n'a cessé de leur répéter qu'elles n'étaient pas capables de mettre au monde. Le XXe siècle est marqué par la théorie darwinienne qui assure qu'à cause de la station debout, le bassin des femmes a mal évolué, et n'est plus adapter pour accoucher, ce qui a été invalidé par la science. Aujourd'hui, l'idée reçue de la femme fragile, faible et soumise pendant son accouchement perdure. Sauf que certaines ne se reconnaissent pas dans ce portrait archaïque, et vivent mal de ne pas maîtriser la mise au monde de leur enfant.

Vous dénoncez la surmédicalisation de la mise au monde et rappelez qu'il s'agit d'un processus physiologique naturel. Que répondez-vous aux gynécologues obstétriciens qui affirment qu'elle peut être dangereuse, et que la médicaliser a permis et permet encore de sauver des vies ? Pour cela, il faut se plonger dans l'histoire et analyser ce qui tuait les femmes auparavant. ll s'agissait principalement d'infections et de la fièvre puerpérale. De plus, les femmes à l'époque n'avaient pas la même stature que celles d'aujourd'hui. N'oublions pas qu'au XIXe siècle, elles travaillaient adolescentes dans les usines et se nourrissaient mal, par exemple. Juste après la Seconde Guerre mondiale, on observe bien une baisse de la mortalité. Elle n'est pas liée à la médicalisation de la mise au monde, mais aux antibiotiques, aux transfusions sanguines et à de meilleures conditions de vie. L'accouchement n'est pas une maladie, et dans la majorité des cas, il n'est pas dangereux. En revanche, des chercheurs ont démontré que la succession d'actes médicaux produisait bien des complications et augmentait le risque de souffrance fœtale par exemple. C'est "l'effet cascade". Alors bien sûr, le but n'est pas d'éliminer toute médicalisation. Certaines femmes souffrent de problèmes de santé et leur grossesse présente des risques. Mais il faut justement adapter la pratique en fonction de leurs besoins, et non plus le faire afin que l'hôpital fonctionne mieux et plus rapidement.


 
 
 

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